Jérusalem de notre correspondant

A mesure que se précipite le débat sur l'évacuation des colonies de Gaza, dont le projet de loi doit être débattu au Parlement israélien le 25 octobre, l'incitation à la désobéissance militaire vient de franchir un cran. Après l'arrêt religieux du grand rabbin Avraham Shapira, aussitôt approuvé par plusieurs dizaines d'autres rabbins (Libération du 16 octobre), deux figures éminentes du sionisme religieux, les rabbins Zvi Tau et Shlomo Aviner, usent désormais de leur influence pour dissuader leurs disciples de participer à cette évacuation. Ce dernier considère comme un «péché contre la nation et un crime contre l'humanité la négation du droit des juifs à s'installer sur la totalité de leur terre, l'expulsion de familles juives... afin de remettre des pans entiers du pays à l'ennemi». Tous deux prônent, cependant, une sorte de «désobéissance grise» : le rabbin Schlomo Aviner suggère ainsi à ses fidèles d'invoquer «la fatigue physique ou morale» pour se dérober aux ordres.

Volte-face.

La prise de position des rabbins Tau et Aviner va à l'encontre de leur attitude antérieure. Jusque-là, ils avaient toujours refusé de soutenir tout appel à l'insoumission. Leur volte-face est d'autant plus importante que tous deux sont parmi les maîtres les plus écoutés de milliers de jeunes religieux nationalistes qui font carrière dans l'armée. Les internats militaires religieux, qui préparent aux grades d'officiers, s'inspirent pour beaucoup de leur enseignement.