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Privés du droit de se faire entendre

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Ils sont plus de cinq millions, prisonniers ou ex-prisonniers, à être interdits de vote.
publié le 21 octobre 2004 à 2h39

A 38 ans, Barry Campbell n'a encore jamais voté. En 1989, il avait été condamné à New York à deux ans et demi de prison pour cambriolage. «Je suis sorti en 1991, mais j'ai toujours pensé que ma voix ne comptait pas. En Amérique, on a l'impression qu'une fois qu'on se retrouve derrière les barreaux, on n'est plus un citoyen comme les autres. Mais cette année, j'ai décidé de me mobiliser. Il faut changer le système, permettre à tout le monde de se faire entendre. C'est une honte de voir tant de gens qui ne peuvent exercer le droit de vote à cause de leur casier judiciaire.»

Dans le Sud, rayés des listes à jamais. Ce 2 novembre, pas moins de cinq millions d'Américains ne se déplaceront pas aux urnes, tous prisonniers ou anciens prisonniers interdits de vote. Aux Etats-Unis, les lois électorales pour les prisonniers varient suivant les Etats. Seuls le Maine et le Vermont donnent le droit à la population carcérale de voter. Quatorze autres Etats permettent à ceux qui sortent de prison de déposer leur bulletin dans l'urne. Mais dans certains Etats, comme l'Etat de New York, on ne peut pas voter tant qu'on est en liberté conditionnelle. Enfin, dans sept Etats du Sud, il suffit d'avoir été condamné à une peine de prison pour être rayé à jamais des listes électorales.

«Nous sommes face à une véritable discrimination», s'indigne JoAnne Page, directrice de la Fortune Society, un groupe new-yorkais spécialisé dans la réinsertion des criminels. «Vous pouvez avoir commis une fraude fiscale