Aux Etats-Unis, le droit de vote n'est pas un droit constitutionnel. Cette stupéfiante absence signifie, dans notre système électoral décentralisé et fragmenté, que nous n'avons pas encore intégré tout un ensemble de principes démocratiques essentiels comme la souveraineté populaire, le fonctionnement majoritaire, des institutions électorales nationales, le suffrage universel et l'égalité face à la participation politique.
Le président des Etats-Unis n'est pas élu lors d'une élection au suffrage universel direct, mais à travers le mécanisme du «collège électoral», couramment appelé système des grands électeurs. Dans ce collège, chaque Etat fédéré dispose d'un nombre de voix égal au nombre de députés qu'il envoie à la Chambre des représentants (et qui est proportionnel à sa population), augmenté du nombre de ses sénateurs, qui est toujours égal à deux. La plupart des Etats choisissent leurs grands électeurs sur la base du tout ou rien. Cela signifie que le candidat à l'élection présidentielle qui arrive en tête dans cet Etat, même si c'est avec une marge très faible, se voit accorder tous les grands électeurs de l'Etat en question. Quoiqu'il arrive, le point important est que l'élection présidentielle, du fait du système des grands électeurs, ne fonctionne pas selon le modèle majoritaire. En 2000, par exemple, le vice-président Al Gore remporta l'élection populaire avec 500 000 voix d'avance sur George W. Bush, mais fut distancé de six voix au sein du collège des grands électe