Svinjare envoyée spéciale
C'est un hameau plus qu'un village avec 180 maisons alignées sagement des deux côtés de la rue. Il n'y a pas de magasin, pas d'église, et pratiquement plus d'habitant, mais il y a une gare. C'est là que tous les matins débarquent quelques dizaines d'hommes qui repartiront quatre heures plus tard par ce que l'on n'appelle plus que le «petit train des enclaves». Des soldats français de la Kfor, la force de l'Otan au Kosovo, les attendent à l'arrêt et les comptent. Ils les recomptent au départ. «S'il en manque, nous nous mettons à leur recherche pour voir ce qui leur est arrivé», dit le plus gradé du groupe.
Ces hommes que l'on veille comme des convalescents sont les habitants serbes du village, chassés par les émeutes albanaises de mars qui ont fait 19 morts. Ils sont désormais hébergés au nord de la ville de Mitrovica, côté serbe. Avec 137 maisons brûlées sur les 850 démolies pendant trois jours de violence, Svinjare, l'unique hameau serbe situé en lisière de la partie sud de Mitrovica, a été le village le plus touché et un programme pour la reconstruction a été mis en place par la communauté internationale qui administre depuis juin 1999 cette province du sud de la Serbie peuplée en majorité d'Albanais de souche. Là à Svinjare, comme ailleurs dans les enclaves serbes du Kosovo, l'écrasante majorité de la population a boycotté les élections législatives de samedi.
Insécurité. Comme chaque jour, Milica et Dragomir Pantic, un couple marié depuis cinquante