Hier, c'était jour de deuil dans l'opposition tunisienne. L'opposition réelle, pas celle que l'on appelle «de décor». Qu'ils soient allés voter ou pas aux élections présidentielle et législative d'hier, les opposants tunisiens des islamistes à l'extrême gauche , sont d'accord sur une chose : leur impuissance à contrer le pouvoir absolu du président Zine al-Abidine Ben Ali, en marche pour un quatrième mandat après dix-sept ans de pouvoir. La faute d'abord à la féroce répression qui s'abat sur tous ceux qui osent élever la voix. La faute aussi aux innombrables divisions qui paralysent toute action et empêchent l'émergence d'une alternative en Tunisie. Censurée dans la presse, peu connue voire carrément inconnue de la plupart des Tunisiens, l'opposition est sa meilleure ennemie.
Symbole de ce hiatus entre «pays réel» et opposants, les réunions de ces derniers, décidées au prix d'interminables tractations et querelles de préséance, se déroulent à... Paris et non à Tunis. Samedi 16 octobre, presque toutes les sensibilités de l'opposition s'étaient donné rendez-vous au siège de la CFDT, boulevard de Belleville, pour dire «non à un quatrième mandat à Ben Ali, oui à des élections démocratiques et pluralistes en Tunisie». Le hic, c'est qu'au-delà de ce slogan consensuel, tout les divise. Participer ou pas aux élections ? Faire alliance ou pas avec les islamistes ? Ces deux points ont rapidement fait tourner la réunion anti-Ben Ali au règlement de comptes.
Seule Sihem Bensedrine, fon