Les relations entre une ancienne puissance coloniale et son ex-colonie sont toujours délicates à manier. Le chef de la diplomatie de Bruxelles vient de le vérifier à ses dépens en république démocratique du Congo (RDC), ancienne possession du roi des Belges devenue indépendante en 1960. Lors d'une tournée menée au pas de charge dans l'Afrique des Grands Lacs à la mi-octobre, Karel De Gucht a fait part publiquement de son pessimisme sur le processus de paix en RDC, ainsi que de ses doutes sur la capacité des dirigeants congolais à remplir leur tâche. Kinshasa a d'autant plus mal pris ces propos qu'ils ont été en partie tenus au Rwanda, pays honni pour son rôle joué dans le conflit qui a ensanglanté l'ex-Zaïre de 1998 à 2003. A l'issue d'un entretien à Kigali avec le président Paul Kagamé, le ministre belge avait déclaré qu'«il n'y avait pas d'hommes d'Etat au Congo». A son retour à Bruxelles, il a renchéri : «Il n'y a plus d'Etat au Congo. Même un Etat en minuscule et entre guillemets, ce serait déjà un progrès...» Ce constat, nombre d'experts le partagent, tout en se gardant bien de le dire publiquement.
«Paternalisme». Dans l'est de la RDC, Kinshasa ne parvient pas à rétablir son autorité sur les seigneurs de la guerre, et l'armée «unifiée» reste une coquille vide. La formule institutionnelle censée pacifier l'ex-Zaïre prévoit le partage du pouvoir et des prébendes afférentes entre les principales factions congolaises. Mais, de fait, chacun semble davantage préoccupé par la