Le «royaume de la tolérance» est sous le choc après le meurtre du cinéaste et polémiste néerlandais Theo Van Gogh, poignardé, puis abattu de plusieurs balles par un jeune d'origine marocaine, alors qu'il circulait à vélo, hier matin à Amsterdam. Van Gogh, 47 ans, avait reçu des menaces de mort après la diffusion, fin août à la télévision, de son avant-dernier opus : Soumission, un court métrage contre l'oppression de la femme au nom du Coran. Fondé sur un scénario écrit par la députée libérale d'origine somalienne Ayaan Hirsi Ali elle-même sous permanente protection policière depuis la parution de son pamphlet contre «l'arriération de l'islam» , le film avait fait scandale dans la communauté musulmane. Arrêté par la police après un échange de tirs, le meurtrier présumé, portant barbe et djellaba, est un homme de 26 ans, à la double nationalité marocaine et néerlandaise.
Traumatisme. Dans une allocution télévisée, le Premier ministre chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende a dénoncé le meurtre d'«un champion de la liberté d'expression», s'inquiétant d'«un climat qui pousse les gens à se réfugier dans la violence». Chacun avait hier en tête le précédent traumatisme national : l'assassinat, le 6 mai 2002, du leader populiste Pim Fortuyn. Ironie de l'histoire, Van Gogh, auteur d'une dizaine de longs métrages et de trois livres, venait d'achever un documentaire sur la mort de Fortuyn, qu'il attribuait à sa «diabolisation» par «la gauche politiquement correcte».
Adorant la provoc