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Libération

Le soldat Jenkins, du «paradis communiste» au déshonneur

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publié le 4 novembre 2004 à 2h51

Tokyo de notre correspondant

Revêtu d'un uniforme trop grand, le «déserteur» Charles Robert Jenkins, 64 ans, était méconnaissable hier en entrant dans la salle du tribunal militaire chargé de statuer sur son sort. En arrivant au Japon au début de l'été, Jenkins était un vieillard affaibli, se déplaçant à l'aide d'une canne. Hier, c'est un homme alerte qui a rejoint d'un pas pressé la cour martiale du camp Zama (à l'ouest de Tokyo), l'une des 107 bases militaires américaines du Japon.

Le verdict, énoncé par une juge militaire, la colonelle Denise Vowell, est sans appel. «Le sergent Charles Jenkins est coupable de désertion en Corée du Nord en 1965 alors qu'il servait en Corée du Sud.» Parmi les charges pesant contre lui, Jenkins est accusé d'avoir «enseigné l'anglais» en Corée du Nord. «Aide à l'ennemi», a tranché la juge, avant de condamner le déserteur (à titre provisoire) à trente jours de détention et au «déshonneur».

Patrouille. Pendant son procès, Jenkins a avoué les raisons de sa désertion. Durant la guerre de Corée (1950-1953), qui a opposé les Etats-Unis et ses alliés aux armées nord-coréenne et chinoise, les Américains avaient posté des dizaines de milliers d'hommes le long de la zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux Corées. Dans la nuit du 4 au 5 janvier 1965, alors qu'il patrouillait avec trois GI à dix kilomètres de Panmunjom, dans un bois longeant la DMZ, Jenkins, promu à 24 ans chef de patrouille de la 8e cavalerie, a fui. Il a raconté hier qu'il ne voulait p