Depuis des semaines, les rumeurs sur une reprise imminente des combats bourdonnaient dans tout Abidjan. Hier, l'armée ivoirienne a bombardé à trois reprises Bouaké, fief des rebelles des Forces nouvelles (FN) et verrou du nord du pays. Le bilan, selon des sources militaires françaises, serait de deux morts et cinq blessés parmi les civils (une vingtaine de blessés civils, selon les FN), pour la première offensive aérienne d'envergure depuis la fin de la guerre civile en Côte-d'Ivoire, à l'été 2003.
Alors que le processus de paix engagé il y a bientôt deux ans sous les auspices de Jacques Chirac est totalement enlisé, l'état-major des Forces armées nationales de Côte-d'Ivoire (Fanci, fidèles au président Laurent Gbagbo) a refusé de confirmer une reprise des hostilités. Sous couvert d'anonymat, un officier ivoirien préfère parler d'«actions limitées et ciblées sur des objectifs matériels militaires». Le président Gbagbo, qui expliquait, il y a quelques jours au Figaro, que la guerre n'était pas sur son agenda, est resté silencieux.
Revanche. A la tête des opérations, le colonel Philippe Mangou a affirmé, lui, que les loyalistes s'étaient lancés à la reconquête du pays, coupé en deux depuis la tentative de coup d'Etat des rebelles, en septembre 2002. Le colonel Mangou fait partie des «durs» de l'armée ivoirienne, ces jeunes officiers qui ne rêvent que de prendre leur revanche en «délivrant Bouaké». Malgré la présence, en tampon entre frères ennemis, de 6 500 Casques bleus de la m