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Libération

Le fondateur du Sentier lumineux rejugé

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Abimael Guzmán avait été condamné à la prison à vie par un tribunal militaire péruvien.
publié le 6 novembre 2004 à 2h54

La «quatrième épée du marxisme» ­ après Marx, Lénine et Mao ­, comme se qualifiait le tristement célèbre «presidente Gonzalo», retrouve le glaive de la justice. Abimael Guzmán, 69 ans, est rejugé depuis vendredi à Lima. L'ex-leader du Sentier lumineux péruvien, un des personnages les plus sanguinaires d'Amérique latine, aura droit enfin à un procès en règle... douze ans après son arrestation. Il avait déjà été condamné à la prison à vie, mais c'était par un tribunal militaire d'exception, par des juges galonnés, encagoulés et directement nommés par le gouvernement. A l'époque, la lutte contre le terrorisme avait en effet permis au gouvernement autoritaire d'Alberto Fujimori (1990-2000) de justifier toutes les dérives de l'Etat de droit. A la suite de la Cour interaméricaine des droits de l'homme, le Tribunal constitutionnel péruvien a déclaré la nullité du procès «militaire» du presidente Gonzalo, et son avocat aura beau jeu de protester contre la longueur et les conditions abusives de sa détention, dans une prison de haute sécurité de la base navale d'El Callao, à côté de Lima : «Des conditions insupportables pour un être humain.»

Tortures.

Le procureur réclamera la prison à vie. Abimael Guzmán n'est-il pas à l'origine d'un déferlement de haine et de sang qui a provoqué la mort de près de 70 000 personnes entre 1980 et 2000 ? Le chiffre est tiré des conclusions de la commission Vérité et réconciliation, mise en place par l'actuel président Alejandro Toledo. Près de deux ans d