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Libération

La Thaïlande menacée d'une révolte musulmane

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Les violences dans les provinces du Sud pourraient gagner tout le pays.
publié le 15 novembre 2004 à 3h00

Bangkok correspondance

Les provinces musulmanes du sud de la Thaïlande avaient déjà connu des violences, mais jamais de cette ampleur. Selon le gouvernement, 340 personnes ont été tuées par des rebelles depuis janvier dans les provinces de Pattani, Yala et Narathiwat. Majoritairement, des policiers, fonctionnaires, maîtres d'école. Si l'on y ajoute les victimes de la répression des forces de l'ordre, le total se monte à 535. «Quand quelque chose comme cela arrive à votre pays, vous vous sentez vraiment mal», soupire Sirichai Wungaeo. Comme ses collègues universitaires, comme les hommes politiques, les militants associatifs, ce professeur de sciences politiques n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi ce pays de 62 millions d'habitants, à 95 % bouddhiste, a basculé dans cette violence.

Loi martiale. Le 4 janvier, des hommes armés attaquent une caserne, tuent quatre gardes et volent 300 armes. La Thaïlande est sous le choc ; la loi martiale est appliquée dans plusieurs districts du Sud. Elle n'a toujours pas été levée depuis, car l'escalade se poursuit, notamment depuis la manifestation de Tak Bai, qui a fait 87 morts il y a deux semaines. Un nouveau choc : 6 civils sont tués par balles, 3 noyés. 1 290 personnes sont arrêtées, entassées dans six camions en route vers un camp militaire. 78 d'entre elles meurent étouffées. Le gouvernement dépêche une commission d'enquête pour établir les responsabilités, et, côté musulman, les tueries s'accélèrent. On parle de vengeance. Pas un