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Libération

Ingrid Betancourt, otage de mille jours

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Les négociations entre le président colombien et la guérilla des Farc sont au point mort.
publié le 19 novembre 2004 à 3h05

Bogotá de notre correspondant

Mille jours après son enlèvement, l'ex-sénatrice franco-colombienne Ingrid Betancourt, séquestrée le 23 février 2002, se trouve toujours aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, 17 000 combattants), et les négociations pour obtenir la libération de celle qui était alors candidate à la présidentielle n'ont toujours pas décollé.

Dès le début, les miliciens d'extrême gauche ont posé leurs exigences : la politicienne anticorruption ne serait relâchée, avec 58 autres otages politiques et militaires, que contre leurs combattants prisonniers. En face, le gouvernement conservateur d'Alvaro Uribe, entré en fonction en août 2002, a soufflé le chaud et le froid. D'une semaine à l'autre, ministres et responsables ont répété «l'impossibilité morale» d'échanger «des terroristes contre des honnêtes gens», ou au contraire lancé aux Farc des offres improvisées. Fin 2002, le pouvoir a avancé par exemple dans la presse la possibilité d'envoyer en France les miliciens libérés en échange des otages, mais sans consulter Paris. «Vous ne refuseriez pas, tout de même», justifieront aux diplomates médusés les hauts fonctionnaires de Bogotá.

Les Farc ont en tout cas rejeté ces propositions officieuses, exigeant avant toute chose la nomination d'un interlocuteur officiel. Mais le président Uribe, pour qui la guérilla est «un groupe de terroristes», a longtemps rechigné à traiter directement avec elle. Le 18 août, devant des proches d'otages, il bombarde