Nyala envoyé spécial
Agglutinés sous des arbres et des huttes bâties à la hâte avec branches et haillons, pour se protéger du soleil brûlant, les nouveaux arrivés du camp d'Al-Bar sont furieux. «Les policiers sont venus au milieu de la nuit dans le camp d'Al-Geer, où nous vivions à Nyala, pour nous attaquer, dénonce le cheikh Adam Mahamat Ahmed, chef d'une communauté de plus de 200 familles. Ils ont entouré le camp. Et puis ils ont tiré des grenades de gaz lacrymogènes. Ils nous ont frappés. Certains d'entre nous ont été blessés par balle. Des femmes ont été violées par des policiers. Ils nous ont fait embarquer dans des camions pour nous amener ici.»
Bulldozers. Par deux fois en novembre, le 2 puis le 10, les policiers soudanais ont attaqué des civils qui avaient trouvé refuge à Nyala après avoir déjà fui leurs villages pour échapper aux attaques meurtrières des Jenjawids, des milices, majoritairement constituées de combattants arabes, à la solde du gouvernement dans sa lutte contre les rébellions du Darfour, qui réclament que leur région bénéficie d'un meilleur partage du pouvoir et des ressources. Après avoir chassé les déplacés, les policiers ont supervisé l'action des bulldozers, venus raser ce qui restait du camp.
Des policiers en faction s'approchent. Le cheikh baisse le ton. Puis la tête. Après un instant, il reprend. «Nous craignons vraiment que ce soit seulement la première étape, dit-il à voix basse, que le gouvernement décide maintenant de nous ramener de force dans