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Libération

L'Allemagne doute de ses immigrés

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L'assassinat du cinéaste Theo Van Gogh provoque une remise en cause du multiculturalisme.
publié le 22 novembre 2004 à 3h07

Berlin de notre correspondante

Pour les Allemands, c'est un monde qui s'est effondré avec l'assassinat du cinéaste Theo Van Gogh, le 2 novembre à Amsterdam, et les tensions communautaires qui ont suivi. Très libéraux en matière religieuse, les Allemands commencent, à l'instar des Néerlandais, à se demander s'ils ne sont pas allés trop loin dans le multi-kulti. L'assassinat a réveillé l'inquiétude née après le 11 septembre 2001, lorsque l'Allemagne avait découvert avec stupéfaction que plusieurs membres d'Al-Qaeda vivaient à Hambourg avant l'attentat contre le World Trade Center. Quant aux 3,5 millions de musulmans vivant en Allemagne, dont 2,3 millions de Turcs, ils redoutent d'être la cible de l'extrême droite, en plein essor aux derniers scrutins régionaux. Mercredi, la mosquée de Sinsheim, près de Heidelberg, a été endommagée par un cocktail Molotov.

Visiblement préoccupé, le chancelier Gerhard Schröder a assuré samedi à la communauté musulmane que l'Allemagne poursuivrait sa lutte contre toute forme d'extrémisme. Mais, pour la première fois, il l'a aussi exhortée à faire des efforts pour mieux s'intégrer. Les musulmans doivent «clairement s'engager envers nos lois et notre démocratie», a déclaré le chancelier, refusant de «tolérer des sociétés parallèles». «Attention au multiculturalisme béat», s'était déjà exclamé Otto Schily, le ministre SPD de l'Intérieur, peu après que les Verts ont proposé d'instaurer un «jour férié musulman».

Tabou. Ce discours, notamment dans la bouc