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Libération

Gbagbo et ses médias de la haine

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Le pouvoir ivoirien encourage la violence contre la presse indépendante pour la réduire au silence.
publié le 23 novembre 2004 à 3h08

Abidjan envoyé spécial

L'ordre médiatique règne à Abidjan. Depuis l'offensive avortée, début novembre, de l'armée gouvernementale contre le nord de la Côte-d'Ivoire contrôlé par les rebelles, les voix discordantes, assimilées à l' «ennemi intérieur», ont été muselées par le régime. Soigneusement préparée, l'opération s'est déroulée en trois temps : destruction des émetteurs des radios étrangères, incendie des locaux des journaux d'opposition et prise de contrôle de la télévision publique, la RTI.

Tout commence dans la nuit du 3 au 4 novembre, à la veille de la rupture du cessez-le-feu par le pouvoir d'Abidjan. Ce jour-là, les émetteurs de la BBC et de Radio France internationale (RFI), la principale source d'information des Ivoiriens avec la télévision publique, sont «mystérieusement» sabotés. Pour les Abidjanais, cela ne trompe pas : chaque fois que Laurent Gbagbo donne libre cours à la violence, les radios étrangères disparaissent de la bande FM. Avec une différence de taille, cette fois-ci : à ce jour, cette mesure d'excommunication audiovisuelle est toujours en vigueur.

Menaces. Depuis le début du conflit en Côte-d'Ivoire, en septembre 2002, la haine des autorités d'Abidjan à l'encontre de RFI n'a cessé de croître. Les partisans de Gbagbo accusent la «radio mondiale» d'avoir pris le parti des rebelles. En octobre 2003, le correspondant de RFI à Abidjan a été tué à bout portant par un sergent de police, condamné par la suite à dix-sept ans d'emprisonnement. Mais, aujourd'hui