Tripoli envoyée spéciale
Mouammar Kadhafi est un formidable metteur en scène. Soucieux de marquer avec faste la première visite officielle d'un chef de l'Etat français depuis l'indépendance, en 1951, le Guide de la Jamahiriya libyenne a réservé hier à Jacques Chirac une cérémonie d'accueil peu banale dans son palais de Bab Azizia, en fait une caserne tout en béton. Le président français a reçu les honneurs militaires dans un décor surréaliste, sur un terre-plein en ciment, bordé par les ruines de la résidence de Kadhafi bombardée par les Américains en 1986 et par d'immenses affiches représentant les hauts faits de la Révolution française, les grandioses réalisations de la révolution libyenne, et une autre, la plus grande, célébrant «la rencontre des pionniers de 2004» (Chirac et Kadhafi). Le président français avait eu un avant-goût de l'inventivité de son hôte dès l'aéroport, où il s'est retrouvé à sa descente d'avion face à une reproduction du Serment du jeu de paume, de six mètres sur huit, sous-titré en français : «La liberté en premier».
Tenue traditionnelle. Après le détour obligé par la résidence transformée en musée, jonchée de bombes et de casques, le plafond éventré, mais d'impeccables portraits de Kadhafi posés par terre, la visite s'est poursuivie de façon plus classique. En tenue traditionnelle, toque noire et grande robe en laine de chameau, le colonel Kadhafi a invité son hôte sous sa tente où, selon la légende, il a emménagé après la destruction de sa résidence