Rome de notre correspondant
Condamné avec Adriano Sofri à vingt-deux ans de prison, pour le meurtre, en 1972, du commissaire Calabresi, l'ancien dirigeant de Lotta Continua (LC), Ovidio Bompressi, aurait dû recouvrer la liberté mercredi. En raison de son état de santé défaillant, Carlo Azeglio Ciampi avait en effet décidé de lui accorder la grâce présidentielle qu'il avait demandée dès 2001. Le 8 novembre, le chef de l'Etat avait ainsi demandé au garde des Sceaux (Ligue du Nord), Roberto Castelli, de lui préparer le décret permettant une telle mesure. Mais le ministre de la Justice s'y est refusé, provoquant un conflit institutionnel inédit dans l'histoire de la République italienne.
Responsabilité. «Opposé à la clémence pour Ovidio Bompressi», Castelli n'a présenté, mercredi, à la signature du Président, que trois mesures de grâce pour un bandit sarde et deux meurtriers. La quatrième, celle de l'ancien militant d'extrême gauche, a été laissée dans un tiroir. «Ce n'est pas un acte d'hostilité envers le Président, mais ma conscience m'empêche de contresigner la grâce pour Bompressi. Moi, je refuse de prendre cette responsabilité», a tenu à souligner le ministre. Or la Constitution italienne, dans son article 89, précise qu'«aucun acte du président de la République n'est valable s'il n'est pas contresigné par les ministres qui le proposent et qui en assument la responsabilité». «Le chef de l'Etat se réserve le droit d'assumer ses propres décisions», a riposté le Quirinal, siège