Sur le plateau minimaliste du studio, un député du pouvoir fait face à un député de l'opposition. Puis une pause est faite pour montrer des images des manifestants, qui tiennent le pavé de Kiev depuis cinq jours, en train d'essayer de convaincre dans la bonne humeur les partisans du camp adverse. Vient ensuite une séquence internationale où l'on n'oublie ni Colin Powell ni Vladimir Poutine. Voilà des fragments bien classiques d'une émission politique. Mais la scène ne se passe pas à Paris ou à Berlin. Elle se déroule en Ukraine, sur une chaîne jusque-là inféodée au régime du président sortant, Léonid Koutchma, Inter, qui appartient à un de ses amis politiques. Une chaîne qui, jeudi encore, présentait les partisans du réformateur Viktor Iouchtchenko comme des voyous prêts à tout casser. C'est une grande première pour Inter. Le même revirement s'était produit la veille sur une autre chaîne privée d'audience nationale, 1+1. «Le mur de Berlin vient de tomber une seconde fois, au moins dans les médias», commente un étudiant.
Objectivité. Devant l'immeuble ultramoderne d'Inter, quelques centaines d'étudiants étaient revenus vendredi pour demander à la chaîne de faire preuve d'objectivité. La veille, ils l'avaient accusé de mentir, versant des paquets de nouilles devant l'entrée, une allusion au proverbe russe qui veut que le menteur ait des nouilles aux oreilles. «Leur ton a changé depuis que nous avons accepté de changer, dit un journaliste politique d'Inter, Maxi