Pomfret envoyée spéciale
Dans la ville fantôme poussiéreuse aux portes du désert du Kalahari, les filets militaires de camouflage servent à protéger du soleil écrasant. Pomfret est une ville garnison construite sur l'une des terres les plus arides d'Afrique du Sud, un cul-de-sac pour soldats perdus de l'apartheid. C'est de là que viennent au moins trois des mercenaires condamnés vendredi à de lourdes peines de prison par un tribunal de Malabo, pour leur implication dans un putsch manqué visant à renverser le président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema.
Bataillon 32. Il y a une dizaine d'années, Pomfret comptait plus de 5 000 habitants. Aujourd'hui, les maisons s'écroulent, les rares habitants sont au chômage. Les militaires blancs du Bataillon 32, unité spéciale du régime d'apartheid, ont quitté la ville en 1998, cinq ans après la dissolution du bataillon, laissant derrière eux les soldats noirs angolais qui les avaient aidés à combattre les mouvements proches de l'ANC, comme la Swapo en Namibie ou le NPLA en Angola. Recrutés pour combattre les «forces marxistes» en Afrique lusophone, ils ont été déplacés de leur base namibienne vers Pomfret, à la fin des années 80, indépendance oblige, et se sont vu offrir la citoyenneté sud-africaine. Aujourd'hui, la plupart des hommes partent à Johannesburg ou à l'étranger, beaucoup sont en Irak, pour des compagnies de sécurité. Leurs familles les voient une ou deux fois par an, et reçoivent de l'argent tous les mois.
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