Ouagadougou envoyée spéciale
Rayonnant un instant auparavant, Blaise Compaoré, qui présidait samedi la conférence de presse finale du Xe Sommet de la francophonie, se fige brusquement. Un représentant de l'organisation Reporters sans frontières (RSF) vient de l'interpeller sur l'assassinat du journaliste d'opposition Norbert Zongo, dans lequel son frère, François Compaoré, serait impliqué. «Six ans après sa mort, il n'y a toujours eu aucun procès, lance-t-il, pourquoi tous ces blocages ?» Le président burkinabé se reprend vite : «Le juge a l'entière liberté pour interroger qui il veut. Ce n'est pas notre rôle de s'ingérer dans une procédure judiciaire.» Assis à sa droite à la tribune, Jacques Chirac, qui vient de le féliciter de la bonne organisation du sommet, reste de marbre.
L'Organisation internationale de la francophonie, qui réunit 51 Etats «ayant le français en partage», veut assumer un rôle de plus en plus politique, au-delà de la défense du français. Mais cette volonté de la francophonie d'avoir une voix sur la scène internationale se heurte à son incapacité à faire respecter ses propres valeurs par ses membres, à commencer par le multipartisme et les droits de l'homme. Parmi les cinq résolutions votées, l'une est consacrée à la liberté de la presse. Les chefs d'Etat et de gouvernement appellent de «façon pressante à la libération sans délai des journalistes détenus». Mais, écrit RSF, «en Guinée-Equatoriale, au Laos, au Rwanda, en Tunisie et au Vietnam, la liberté de