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Libération

Egypte : arrestations de masse dans le Sinaï

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Selon trois ONG, entre 2 000 et 5 000 personnes auraient été arrêtées après les attentats de Taba, début octobre.
publié le 2 décembre 2004 à 3h16

Le Caire de notre correspondante

«J'ai vu des gens torturés, on leur avait électrocuté les seins et d'autres parties du corps. Même dans mes cauchemars je n'ai jamais vu de choses pareilles.» Ce témoignage anonyme est un extrait, parmi tant d'autres, du rapport publié cette semaine par trois associations égyptiennes qui affirment avoir enquêté, dans le Sinaï, sur les arrestations massives liées aux trois attentats à la voiture piégée qui ont fait 34 morts et plus de 100 blessés, à Taba et Ras Chitane, début octobre. Selon elles, entre 2000 et 5 000 personnes ­ dont de nombreuses femmes et enfants ­ ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête. Choqués par le récit des témoins, l'association égyptienne de lutte contre la torture, le centre Nadim pour l'aide aux victimes et le centre juridique Hicham-Moubarak ont réclamé le départ du ministre de l'Intérieur Habib al-Adli, qu'ils estiment responsable de multiples violations des droits de l'homme.

Selon ces ONG, tous les témoignages recueillis font état de brutalités systématiques et d'arrestations tous azimuts. Ils reflètent surtout l'agitation sécuritaire qui règne en Egypte depuis le triple attentat. Officiellement, cinq des neuf auteurs présumés de ces attaques ont pourtant été déférés devant le parquet de la sécurité de l'Etat au début du mois de novembre. Deux autres sont morts dans l'explosion prématurée de leurs véhicules devant le Hilton de Taba, et deux seraient toujours en cavale. Ecartant d'emblée l'hypothèse redoutable