Bogotá de notre correspondant
La dernière partie du «Joueur d'échecs» sera sans doute la plus difficile. Aujourd'hui, Gilberto Rodriguez Orejuela, ancien chef du cartel de Cali, sera présenté à un juge de Miami et exhibé comme le plus gros trophée narco de la justice américaine. «C'est un moment qui fait date dans la guerre de notre nation contre les drogues», s'est réjoui le magistrat.
L'extradition du parrain, embarqué vendredi soir à l'aéroport militaire de Bogotá sous escorte renforcée, a mis fin à vingt ans de cache-cache. Avec son frère Miguel, également menacé d'extradition, Gilberto Rodriguez aurait contrôlé jusqu'à 80 % du commerce mondial de la cocaïne et a longtemps bénéficié de complicités dans toute la société colombienne. Préférant les pots-de-vin et les assassinats isolés aux attentats sanglants de son rival Pablo Escobar, il avait gagné son surnom de Joueur d'échecs par ses calculs et son sang-froid.
Vaste traque. Pour se débarrasser de son ennemi de Medellin, abattu en 1993, il aurait directement aidé les autorités à démanteler son cartel, d'après un ex-officier des services secrets. Les Rodriguez ont ensuite mouillé un président, Ernesto Samper, accusé en 1994 d'avoir reçu leurs narcodollars. Le scandale déclenche une vaste traque, qui aboutit à l'arrestation des deux frères l'année suivante. Avant sa capture, coincé dans un placard, l'aîné Gilberto avait dû fuir de maison en maison pendant un an.
Condamné à quinze ans de prison, libéré en 2002 pour bonne condu