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Libération

Narcos camouflés en paramilitaires

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En Colombie, les caïds s'infiltrent dans les milices pour profiter d'une future amnistie.
publié le 6 décembre 2004 à 3h20

Bogotá de notre correspondant

Jusqu'à peu, Victor Mejía était un narcotrafiquant d'envergure, passé à la postérité après la découverte de 35 millions de dollars dans une de ses caches à Bogotá. Mais, depuis l'ouverture de négociations entre le pouvoir et les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), le capo de la cocaïne n'est plus le même homme : il a acquis un treillis, un nouveau nom ­ Pablo Arauca ­ et la direction d'un «front» des AUC.

Désarmement. D'autres narcos notoires ont fait le même calcul: s'infiltrer parmi les chefs de ces milices d'extrême droite qui combattent la guérilla marxiste, pour profiter des amnisties qui pourraient découler des discussions avec le gouvernement. Le dialogue, qui doit aboutir avant 2006 à la démobilisation des 15 000 à 20 000 paramilitaires, a permis jusqu'ici le désarmement de 1 300 hommes. Il a donné un avantage enviable aux chefs, accusés de nombreux massacres de civils. Depuis le 1er juillet, et pour six mois renouvelables, ils peuvent circuler dans Santa Fé de Ralito, zone démilitarisée de 368 km2 au sein d'un de leurs fiefs du nord-est du pays, sans craindre de poursuite judiciaire.

Aux côtés de Victor Mejía, plusieurs narcos ont profité de l'aubaine. Francisco Zuluaga, surnommé Gordo Lindo («Joli Gros») et recherché par des juges de Floride pour trafic de cocaïne, est ainsi devenu Gabriel Galindo, «chef politique du Bloc Pacifique» des AUC. Pour eux, comme pour au moins trois autres chefs fraîchement nommés, le proce