L'ONU ne veut pas le reconnaître formellement, mais, pour les milliers de personnes qui ont fui leur village ces derniers jours, cela ne fait aucun doute : les Rwandais sont de retour dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), une zone explosive. A une vingtaine de kilomètres au nord de Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu, un habitant confie : «La semaine dernière, vers 22 heures, j'ai vu une colonne de militaires qui venait de la frontière rwandaise. Ils sont passés tout près de moi, et ils étaient très nombreux...» Malgré des patrouilles de reconnaissance régulières, la Monuc (mission des Nations unies en RDC) évoque seulement un faisceau d'«indices». «Il est très difficile de faire la différence entre un soldat rwandais et un militaire congolais rwandophone du Nord-Kivu, argue Jacqueline Chénard, la porte-parole de la Monuc à Goma. Ils parlent la même langue et portent les mêmes uniformes.»
Milices. A Rubare, les habitants montrent un véhicule brûlé : «Ce sont les Nokos, les oncles, qui ont brûlé ça.» Les Nokos, le nom que les Congolais rwandophones donnent aux Rwandais... «Mais ils ne font que passer. Ils vont plus vers le nord du territoire ou vers le parc de Virunga à la poursuite d'Interahamwe (milices extrémistes hutues, impliquées dans le génocide rwandais, ndlr)», explique un vieil homme. Au-delà de ce parc, à Kanyabayumga, la population évoque elle aussi leur présence. «Ils sont dans des camps militaires des environs», lâche Serge.
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