Washington de notre correspondant
La situation en Irak se détériore, et il n'y a aucune amélioration à attendre dans un avenir prévisible. Ce constat, qui tranche avec l'optimisme affiché par l'administration Bush, émane du «chef de station» de la CIA à Bagdad. Alors que s'organise, dans le chaos, l'élection nationale toujours prévue pour le 30 janvier, le New York Times a révélé hier matin le contenu d'un câble que cet agent de très haut niveau a envoyé fin novembre à Washington. Il constate que la violence ne fait que croître, et que les confrontations interethniques se multiplient. Le ton de son câble a été jugé «inhabituellement sincère» par ceux qui, dans l'administration, l'ont lu. L'ambassadeur en Irak John Negroponte l'a toutefois assorti de réserves, le jugeant trop dur, et mentionnant les progrès réalisés dans la guerre contre les insurgés.
Stabilité fragile. Ce pessimisme n'est pas nouveau à la CIA. Selon le New York Times, un autre rapport, plus formel, adressé en août à la Maison Blanche, faisait déjà des prévisions sombres pour les mois à venir. Deux scénarios étaient avancés. Selon le plus rose, l'Irak connaîtrait une stabilité fragile ; selon le plus noir, les événements s'enchaîneraient pour déboucher sur une guerre civile. L'aggravation de la situation, la récente création d'une milice chiite antisunnite, tout semble donner du poids au dernier scénario. Les Américains ont connu ce week-end leur millième soldat tué au combat, depuis le début de l'invasion en m