Pékin de notre correspondant
Pékin observe avec agacement et inquiétude les élections législatives qui se déroulent samedi à Taiwan, le seul petit bout de territoire du monde chinois à bénéficier d'un système démocratique. Le résultat de ce scrutin très serré pourrait creuser un peu plus le fossé entre le continent et l'île que Pékin considère toujours comme une partie inaléniable de la «mère patrie» : pour la première fois, les partis dits indépendantistes ont la majorité absolue à leur portée, aux dépens du Kuomintang (KMT), le parti nationaliste historique, jugé plus accommodant avec Pékin.
Autonomie. Au printemps dernier, Chen Shui-bian, le chef de file du Parti démocratique progressiste (DPP), avait été réélu de justesse à la présidence de l'île, à l'issue d'une campagne mouvementée, marquée par un attentat resté jusqu'ici mystérieux. Si le DPP et ses alliés réussissaient à réunir la majorité absolue qui leur a fait défaut jusqu'ici, ils auraient les coudées plus franches pour conduire Taiwan vers une autonomie frisant l'indépendance, une perspective considérée comme un casus belli par les dirigeants de Pékin.
«Ce scrutin va offrir aux Taiwanais, pour la première fois en un demi-siècle, la possibilité de mettre fin aux liens du KMT avec le gouvernement», a déclaré vendredi Chen Shui-bian lors d'un meeting devant la plus haute tour du monde, la Taipei 101. Et d'annoncer que, en cas de victoire, il soumettrait à référendum un projet de réforme de la Constitution qui marquera