Bruxelles (UE) de notre correspondant
La marche turque vers l'Union, entamée en 1963 lorsque les Européens ont reconnu la vocation d'Ankara à devenir membre, entre dans sa phase décisive cette semaine : le Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement, réuni jeudi et vendredi à Bruxelles, va décider d'ouvrir des négociations d'adhésion courant 2005 ou, au plus tard, début 2006. L'Europarlement devrait lui aussi donner son feu vert mercredi, les opposants à ce premier élargissement à un pays musulman, situé en grande partie hors du continent européen, étant minoritaires. Sauf accident de parcours, la Turquie peut espérer devenir membre de plein exercice en 2014.
Inédit. Cela étant, une crise de dernière minute n'est pas à exclure : le gouvernement islamiste modéré au pouvoir à Ankara a fait monter les enchères ces derniers jours en refusant fermement de reconnaître, préalablement à l'ouverture des négociations, la République de Chypre. C'est, en effet, une situation inédite à laquelle est confrontée l'UE : «Politiquement, il est étrange de vouloir adhérer à un club dont on nie l'existence de l'un des membres», juge l'ambassadeur d'un grand pays de l'Union, même si «d'un point de vue juridique, on peut négocier avec un Etat qu'on ne reconnaît pas». La question chypriote a resurgi lorsque le projet de conclusions du Sommet a fuité dans la presse : la présidence néerlandaise de l'Union y rappelle en toutes lettres, en effet, la nécessité d'une reconnaissance rapide de Chypr