Santiago de notre correspondante
Juan Guzman Tapia est le juge d'instruction chargé du «plan Condor», coordination des services secrets mis en place par les dictatures sud-américaines afin d'éliminer leurs opposants dans les années 70 et 80. Il avait déjà mis en examen Augusto Pinochet en 2001 dans l'affaire de la «Caravane de la mort» l'assassinat d'opposants dans les semaines qui ont suivi le coup d'Etat du 11 septembre 1973.
Lundi, vous avez mis en examen Augusto Pinochet pour sa responsabilité dans le «plan Condor». Vous l'avez estimé capable d'affronter un procès, au bout de deux mois de réflexion. Pourquoi un tel délai ?
A partir du moment où la Cour suprême a confirmé la levée d'immunité [d'ancien président, ndlr] du général Pinochet, le 26 août, il m'a fallu l'interroger, puis ordonner des examens médicaux, étant donné l'âge [89 ans] de l'inculpé et les rapports médicaux réalisés il y a trois ans, qui avaient établi sa «démence» et conduit au classement de l'affaire «Caravane de la mort». Or, deux des rapports médicaux qui m'ont été remis sont concordants. Tous deux estiment que Pinochet présente «une démence modérée et n'est pas en condition de supporter un procès». En revanche, le troisième est discordant. Face à une telle opposition entre experts, j'ai été obligé de m'en remettre à la logique et aux autres éléments du dossier.
Et quels sont ces éléments ?
Avant de rencontrer Augusto Pinochet lors de l'interrogatoire, le 25 septembre dernier, je l'imaginais en bien pl