Menu
Libération

Le Guantanamo britannique condamné

Article réservé aux abonnés
La plus haute cour du pays juge illégale la détention sans procès de présumés terroristes.
publié le 17 décembre 2004 à 3h32

Londres de notre correspondante

Le calendrier est parfois le pire ennemi d'un gouvernement. Après avoir encaissé la démission de David Blunkett, son ministre de l'Intérieur, mercredi, Tony Blair s'est vu infliger une claque par la plus haute juridiction britannique, les neuf Law Lords, sur son combat contre le terrorisme. Combat porté jusque-là sans fard et sans hésitation par Blunkett.

Alors que les Britanniques étaient plongés dans l'effroi des attaques contre les Twin Towers le 11 septembre 2001, le gouvernement est parvenu à faire adopter le «Anti-Terrorism, Crime and Security Act». Ce texte permet, entre autres, de détenir des étrangers ­ jugés menaçants et soupçonnés d'appartenir, fût-ce élastiquement, à un mouvement terroriste ­ de façon indéfinie et sans procès. Leur seule option pour retrouver la liberté est de quitter le territoire britannique, au risque d'être arrêtés, torturés dans leur propre pays ­ en Algérie par exemple. Dix-sept personnes ont été arrêtées sous ce régime, sorte de rétention administrative prolongée. Aujourd'hui, neuf personnes, majoritairement maghrébines, restent détenues. La plupart d'entre elles sont enfermées dans la prison de haute sécurité de Belmarsh.

Défaite. Au terme d'une longue bataille, les avocats qui défendent ces prisonniers anonymes ont porté l'affaire devant les Law Lords début octobre. Les magistrats ont rendu hier leur décision : cette détention est illégale. Le jugement ­ les juges y exprimant chacun leur point de vue ­ est pa