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Libération

Rue Haifa, les sunnites font la loi

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A Bagdad, des membres de la commission électorale ont été exécutés.
publié le 20 décembre 2004 à 3h33

Bagdad envoyée spéciale

Il est presque 9 heures hier matin, le moment où les employés commencent à allumer les fourneaux dans les minuscules fast-foods de la rue Haifa, sur la rive ouest de Bagdad. Un peu plus loin, une voiture de police brûle déjà. Plus personne n'y fait attention maintenant. Depuis quelques mois, flotte sur les réverbères le drapeau noir frappé d'un cercle jaune, l'étendard d'Al-Qaeda-Al-Jihad («la base de la guerre sainte»), un groupe extrémiste sunnite. La rue Haifa, dans la circonscription de Karkh, à Bagdad, est devenue un de ses territoires. Au nom de la «résistance à l'occupation américaine», il y fait la loi à coups d'attentats et de kidnappings.

Au niveau de la place Talaai, «six hommes en civil règlent la circulation», raconte le cuisinier d'un fast-food. Ils n'arrêtent qu'une seule voiture : celle qui transporte cinq membres du bureau électoral de Karkh, chargé au niveau local de préparer le scrutin parlementaire du 30 janvier. Dans la voiture, tous sont chiites : cette communauté, majoritaire dans le pays, attend le vote avec impatience, après avoir été exclue du pouvoir par Saddam Hussein notamment au profit d'une minorité sunnite. Pour se donner toutes les chances de victoire, les chiites ont réussi le tour de force de présenter une seule liste unitaire. En revanche, un peu partout en Irak, les leaders de groupes extrémistes sunnites, qui tiennent quelques villes et certains quartiers, ont annoncé qu'ils feraient tout pour empêcher un scrutin ta