Kiev envoyée spéciale
A six jours du nouveau vote en Ukraine, le seul débat télévisé qui a opposé lundi soir les deux candidats Victor Iouchtchenko, 50 ans, et Victor Ianoukovitch, 54 ans, a été un parfait dialogue de sourds. S'exprimant en ukrainien, Iouchtchenko, le candidat de la «révolution orange», n'a cessé de revenir sur les fraudes qui ont obligé à annuler le second tour et à le répéter dimanche. «En tant que Premier ministre, vous êtes responsable des falsifications qui ont été commises, et les gens ne veulent plus vivre sous un gouvernement de criminels !», a plusieurs fois attaqué Iouchtchenko. Comme si de rien n'était, Ianoukovitch, le candidat soutenu par Moscou, répondit en russe : «Après les élections, travaillons ensemble à former un gouvernement d'union nationale...»
Les derniers sondages, à prendre avec des pincettes car ils sont souvent partisans (et interdits de publication dans les deux semaines précédant le vote), prédisent une victoire probable de Iouchtchenko avec une avance de cinq à dix points. «Je sais que je vais gagner, vous êtes l'outsider, vous avez tout perdu», lançait lundi soir Iouchtchenko, qui paraissait en forme malgré l'empoisonnement à la dioxine dont il semble bel et bien avoir été victime, début septembre. «Si vous pensez que vous allez devenir président de l'Ukraine, vous vous trompez profondément, a rétorqué Ianoukovitch, si vous gagnez, vous ne pourrez être que Président d'une partie de l'Ukraine», poursuivait le champion de l'est et