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Libération

Les «années de plomb» exorcisées à la télé au Maroc

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publié le 24 décembre 2004 à 3h36

Rachid Manouzi avait 19 ans lorsqu'il fut arrêté sans raison et emprisonné. A 53 ans, il revit ce qui fut sa pire humiliation quand il dut entendre un de ses geôliers lui lancer : «Vous les Manouzi, j'aurais aimé vous brûler, vous réduire en cendres, vous mettre dans une boîte de sardines et la fermer.» El Ghali Bara a dix ans de plus. Pendant quinze ans, il a été emprisonné dans un de ces centres de détention secrets qui, sous Hassan II, se sont multipliés dans des zones désertes. Il n'en sortira qu'en 1991 à la faveur d'une grâce royale. Il dit qu'il est «impossible de pouvoir décrire les souffrances» endurées. Mais il ressent encore la «brûlure des cigarettes enfoncées sur tout le corps» par ses tortionnaires. Bechari Dahou était, lui, professeur de français quand, en 1973, son appartenance à un parti de gauche et au syndicat national de l'enseignement lui a valu d'être arrêté. Lisant un texte, il égrène pendant vingt minutes «l'extermination des hommes dans des conditions barbares dans un centre de torture de Casablanca puis dans une casbah» dans le sud du royaume. Sur treize détenus, seuls trois hommes en sont sortis vivants.

C'est mardi que la télévision et la radio nationales marocaines ont commencé à diffuser en direct les témoignages des victimes de la répression féroce qui, sous le règne de Hassan II, a frappé des dizaines de milliers de Marocains, notamment entre 1960 et 1970. Cinq ans après sa mort, son fils et successeur, Mohammed VI, soumis à la forte pression d