Karachi envoyée spéciale
«Ne tuez pas, laissez votre bébé dans ce berceau», supplie le panneau. La nacelle est installée dans la rue, devant l'entrée de l'un des centres de la fondation Edhi, à Karachi, la capitale économique du Pakistan, où vivent 15 millions d'habitants. «Nos berceaux publics permettent de recueillir une vingtaine de nourrissons chaque mois dans tout le pays. Mais la plupart du temps, nous retrouvons les bébés indésirables morts dans des poubelles ou des terrains vagues...», enrage un employé de la fondation Edhi, la plus grande ONG du Pakistan, oeuvre d'Abdul Sattar Edhi et de sa femme, Bilquise, une infirmière. Edhi, vieil homme à l'allure de patriarche, est une figure familière pour les Pakistanais. Vêtu d'une tunique usée et de chaussures en caoutchouc, il vit en ascète pour être «exemplaire», mange peu, dort sur un banc et se consacre jour et nuit à la mission qu'il s'est donnée : lancer une «révolution humanitaire» dans son pays. A l'âge de 20 ans, il abandonnait son travail de vendeur dans le bazar pour ouvrir un tout petit dispensaire avec ses économies. Il s'achètera ensuite une fourgonnette sur laquelle il inscrit : «Ambulance du pauvre, gratuit».
Bourreau de travail. Il part alors sillonner la ville de Karachi, ramassant les épaves humaines échouées sur les trottoirs de la métropole, sans-abri, déments, drogués, enfants des rues, accidentés de la route... «Au début, on me prenait pour un fou car je ne demandais pas d'argent !, assure Edhi. Mais pe