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Libération

A São Paulo, des démunis déçus

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Dans la capitale économique, des familles pointent les limites du programme d'aide de Lula.
publié le 3 janvier 2005 à 23h22

São Paulo de notre correspondante

Marcia, 33 ans, domestique, est «heureuse» : elle peut désormais donner à manger à ses cinq enfants. «Graças a Deus», grâce à Dieu, dit-elle. Après un an et demi au chômage «et beaucoup de larmes», elle a trouvé du travail. Son mari aussi. Cela, grâce à la reprise de l'économie due à la cure d'austérité menée par Lula après la récession de 2003, qui a réduit le pouvoir d'achat et augmenté, selon une étude de l'université d'Unicamp, de 27,4 % le nombre de pauvres.

Logements populaires. Malgré cela, la reprise, beaucoup ne l'ont pas encore sentie, tandis que les attentes sociales restent largement déçues. C'est le cas par exemple dans le centre-ville de São Paulo, où ces 87 familles, incapables de payer un loyer, fût-ce dans une favela, squattent un immeuble désaffecté. Certaines vivent là depuis 1997, dans l'attente de la construction de logements populaires. La plupart de ces personnes sont encore au chômage mais l'aide sociale commence à venir. C'est grâce à elle qu'Ana Cleide, qui a perdu son job de vendeuse il y a cinq mois, survit avec ses quatre enfants. Elle reçoit chaque mois 65 reais au titre de Bourse famille, le principal programme social de Lula, qui compte déjà 5,9 millions de familles bénéficiaires (l'aide moyenne est de 77 reais). Un complément aux 95 reais versés par la mairie de São Paulo, que le Parti des travailleurs (PT), la formation de Lula, a perdu aux municipales d'octobre. «65 reais en plus, c'est toujours ça de gagné,