Washington de notre correspondant
Peut-on, dans «la plus grande démocratie du monde», représenter la Justice après avoir justifié des actes de torture ? C'est la question à laquelle doivent répondre aujourd'hui les sénateurs américains, appelés à confirmer la nomination d'Alberto Gonzales au poste d'Attorney General (équivalent d'un ministre de la Justice), en remplacement de John Ashcroft.
A 49 ans, Gonzales est depuis longtemps l'homme de confiance de Bush. Lorsque ce dernier était gouverneur, il était son conseiller, puis son secrétaire d'Etat. Bush avait fini par le nommer à la cour suprême du Texas. Arrivé à la Maison Blanche, Bush lui a demandé à d'être son principal conseiller juridique.
Souffrance physique.
Après le 11 septembre 2001, Gonzales a été chargé de réfléchir à ce qui était possible ou pas, en matière d'interrogatoires des terroristes. Les quelques réunions qu'il a présidées sur le sujet ont débouché sur une circulaire du département de la Justice, en août 2002, qui estimait que les lois interdisant la torture «ne s'appliquaient pas à la détention et à l'interrogation des combattants ennemis» (terroristes et assimilés). Le texte, approuvé par Gonzales, définissait très strictement la torture, comprise comme une action entraînant «la mort, l'arrêt d'organes ou une altération sérieuse de fonctions corporelles». La souffrance physique, les blessures soignables, étaient donc exclues du champ de définition et n'étaient donc pas considérées comme des «tortures». Dans