Washington de notre correspondant
«Approuvez vous la torture ? Absolument pas, Monsieur le Sénateur.» Posé, respectueux, Alberto Gonzales répond comme un petit garçon sage. Il fait face à la commission judiciaire sénatoriale, qui le soumet à un feu nourri de questions sur des circulaires visant à faciliter les interrogatoires musclés de terroristes (Libération d'hier). Principal conseiller juridique de Bush, Gonzales a été choisi par ce dernier pour remplacer John Ashcroft à la tête du département de la Justice. Le Sénat, en majorité républicain, doit confirmer cette nomination.
Accusé d'avoir approuvé, en août 2002, un «mémo» interne limitant la définition de la torture à des actes affectant irrémédiablement l'intégrité physique des prisonniers, Gonzales s'est défendu d'en être l'auteur. A propos des sévices dans la prison irakienne d'Abou Ghraib, Gonzales s'est déclaré «écoeuré et scandalisé», mais n'a pas voulu se prononcer sur la légalité des actes qui y ont été commis, «pour ne pas préjuger des procès en cours». De même, à un sénateur qui lui demandait si le Président avait juridiquement l'autorité d'ordonner des actions contournant les lois interdisant la torture, Gonzales n'a pas répondu clairement : «c'est une question hypothétique, car ce Président n'encouragera jamais la torture.»
Le débat sur la nomination de Gonzales a été enrichi hier par les révélations d'un Australien d'origine égyptienne, Mamdouh Habib, soupçonné d'avoir formé des terroristes en Afghanistan. S