Christian Chesnot, ex-otage libéré le 21 décembre, travaille pour Radio France internationale.
Quel a été votre sentiment en apprenant la disparition de Florence Aubenas ?
Un choc, vraiment. Après être sorti de quatre mois de cauchemar, j'espérais que nous serions les derniers. Le problème, maintenant, c'est comment couvrir l'Irak. Avant, on pouvait se sentir à l'abri à Bagdad, mais c'est fini. Les groupes extrémistes y ont leurs réseaux, ils viennent vous chercher jusque dans votre hôtel.
Les journalistes français doivent-ils partir ?
Il faut continuer à couvrir les événements en Irak, c'est clair, mais en tirant les leçons de l'expérience dramatique que nous avons vécue. Plus un journaliste reste longtemps, plus il est repérable, donc vulnérable. Rester plusieurs semaines augmente le risque d'être repéré, d'autant qu'il y a de moins en moins d'étrangers à Bagdad. Je crois qu'il faut réfléchir au dispositif le plus adapté à la situation. Les journalistes de l'AFP à Bagdad ne sortent plus du bureau, ils travaillent avec des pigistes irakiens. Je pense que le meilleur système consiste à faire des sauts de puce pour quelques jours ou une semaine à partir d'Amman ou de Beyrouth.
Libération a décidé de rester en Irak au nom du devoir d'informer...
Il faut savoir qu'aujourd'hui le prix à payer peut être la vie, l'enlèvement ou la torture. Nos ravisseurs nous tenaient ce discours : «L'Irak est une zone de guerre, les Américains nous envoient des espions et tout Occidental est suspect.»