En campagne, Mahmoud Abbas a pris soin de recruter Yasser Arafat. Il le cite dans chacun de ses discours, le convoque sur ses affiches. D'un poster à l'autre, les deux leaders prient ensemble, discutent autour d'une table, se serrent la main. Le favori à l'élection présidentielle se présente comme l'homme de la continuité, l'héritier du raïs. S'abrite derrière son prédécesseur à la tête de l'OLP comme s'il hésitait à sortir de son rôle d'éternel numéro 2. Les autorités israéliennes et les Américains le décrivent, au contraire, comme l'anti-Arafat. Elles comptent sur lui pour mettre fin au soulèvement dans les territoires palestiniens, aux bandes armées, aux multiples services de sécurité. Depuis son rejet public en 2002 des attentats et de la «militarisation» de l'Intifada, Washington ne jure plus que par lui, loue son sérieux et sa modération. Au risque de le brûler aux yeux de son peuple.
Réfugié. «Entre lui et Arafat, c'est le jour et la nuit. Non pas sur le plan politique, ils poursuivent les mêmes objectifs. Mais l'un était un symbole vivant qui se nourrissait de slogans. L'autre est un être vivant, attaché au dialogue, pas un modéré, mais un pragmatique», déclare à Libération Yossi Beilin, un des chefs de file du camp de la paix en Israël, qui, sous le gouvernement travailliste, a plusieurs fois négocié avec Mahmoud Abbas. Tout semble opposer Abbas et Arafat jusque dans l'apparence. Arafat se voyait en combattant, ne quittait pas sa vareuse et conservai