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Libération

Soudan : une paix établie sous patronage américain

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La médiation de Washington a été déterminante dans l'accord signé, dimanche, entre le Sud et le Nord.
publié le 11 janvier 2005 à 23h33

C'est le testament de Colin Powell. L'accord de paix intersoudanais, obtenu dimanche au prix de deux ans et demi de négociations acharnées (Libération d'hier), est la preuve que l'on peut amener à résipiscence un Etat voyou, sans recours à la force ni aventure guerrière. Un anti-Irak en somme, même s'il n'y a aucune commune mesure entre le Soudan islamo-pragmatique et le régime de Saddam Hussein.

Méthode forte. Le président nordiste, l'islamiste Omar al-Béchir, et le guérillero sudiste, le colonel John Garang, ont-ils pour autant changé ? Non, mais l'un comme l'autre n'avaient plus les moyens de poursuivre cette guerre désastreuse. Dans le cas de la SPLA (Armée populaire de libération du Soudan), l'explication est relativement simple : privée de ses soutiens ougandais et éthiopien, la rébellion du Sud est devenue tributaire de la seule aide américaine. Or Washington n'a jamais été assez inconscient pour livrer aux rebelles des missiles sol-air Stinger, les seuls à même de changer le cours du conflit et d'ôter à Khartoum la maîtrise des airs et donc des villes face à une guérilla qui tenait la brousse. Lorsque Washington a décidé de réduire financements et livraisons d'armes, la SPLA n'a eu d'autre choix que de venir à la table des négociations.

Au Nord, il a fallu sortir d'une politique stérile d'isolement total. Les sanctions et l'embargo, décrétés après la tentative d'assassinat du président égyptien Hosni Moubarak en juin 1995 à Addis Abeba, dans laquelle Khartoum avait tre