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Shakespeare entre en politique

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Les incontournables du théâtre britannique depuis des générations, ce sont eux. Comédiens de père en fille, les Redgrave ont aussi le sang militant. Au point cette fois de créer un parti : avec Peace and Progress, Vanessa et son frère espèrent même contrer Blair aux élections, en mai.
publié le 13 janvier 2005 à 23h35

Dans la dynastie Redgrave, quelle que soit la carte tirée, la pioche est presque toujours identique : un arrière-grand-père vendeur de tickets de théâtre, un grand-père comédien qui finira sa vie en Australie, un père, sir Michael Redgrave, prince au sein des acteurs shakespeariens, une mère, Rachel Kempson, actrice, trois enfants comédiens, Vanessa, Corin et Lynn, dont la progéniture suit en partie le même chemin. Le 30 janvier 1937, sir Laurence Olivier, dans ses habits d'Hamlet, annonçait la naissance de Vanessa au public, au moment du rappel, alors que Michael Redgrave était sur les planches. «Une grande actrice est née !» Il aurait pu ajouter : «Et une emmerdeuse patentée.»

De la tempête, de l'entêtement...

Agée de 67 ans, Vanessa Redgrave ne lâche jamais prise. En octobre, on la croisait dans les sous-sols du Theater Museum, à Covent Garden, lieu de mémoire de la scène britannique, avec ses accessoires, costumes, artifices de théâtre. Ce soir-là, une cinquantaine de personnes étaient venues, à son invitation, pour assister à une projection de Disbelief, film à thèse d'Andrei Nekrasov, cinéaste russe, sur l'explosion d'un immeuble à Moscou, en 1999, attentat prestement attribué par le Kremlin aux «terroristes», c'est-à-dire aux Tchétchènes. Un déchaînement meurtrier parmi d'autres qui a permis à Vladimir Poutine de relancer la guerre contre la Tchétchénie et d'exploiter la peur. Quelques comédiens, des militants, des amis étaient là.

Le débat ressemblait à une réunion de section d'un indéfinissable parti.