Kass (Darfour) envoyé spécial
Le camp de déplacés a gonflé. Les huttes de branches et de plastique se sont multipliées, au milieu desquelles les gamins jouent dans la poussière. La survie s'est organisée et les secours sont arrivés. Mais l'angoisse reste palpable dans cette ville de 30 000 habitants, grossie par l'arrivée de 14 000 déplacés. «On ne sait pas ce que sera notre futur», affirme Abdul Hassan Mohammed (1). Huit mois après avoir fui son village de Terlé, proche du gros bourg de Kaileck, cet enseignant réfugié regarde en permanence par-dessus son épaule, craignant les oreilles indiscrètes des policiers en civil. «Le gouvernement est mon ennemi. Il a tué nos familles, notre peuple.»
Libération avait rencontré Abdul en mai dernier (Libération du 16 juin), il venait de trouver refuge à Kass. Les habitants de Kaileck et des villages alentour furent, pendant deux mois, à la merci des miliciens progouvernementaux jenjawids et des membres des forces de sécurité. Leurs témoignages se recoupent : meurtres, viols, tortures ont été commis au quotidien, laissant un bilan de plus de 1 000 morts.
Médiations. En deux ans de conflit, les massacres commis au Darfour ont fait au moins 70 000 morts, selon l'ONU, et forcé près de 2 millions de civils à fuir leur domicile. Malgré un cessez-le-feu et plusieurs tentatives de médiation (sous la houlette notamment de l'Union africaine) entre le gouvernement majoritairement arabe et les rebelles issus des tribus africaines du Darfour réclamant