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Libération

Un tortionnaire argentin devant la justice espagnole

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Le procès d'Adolfo Scilingo a dû être suspendu dès son ouverture, vendredi.
publié le 15 janvier 2005 à 23h38

C'est le procès le plus attendu depuis des années par toutes les familles de victimes des dictatures latino-américaines des années 70 et 80. Le premier procès d'un exécutant de la répression en Argentine. Adolfo Scilingo, 58 ans, ex-capitaine de la marine argentine, tortionnaire présumé, est jugé depuis vendredi à Madrid pour des cas de tortures et d'assassinats pour lesquels la justice espagnole réclame au total 6 626 années de prison (en Espagne, les peines se cumulent, et se réduisent dans les faits à 30 ans, peine incompressible). Repenti, puis repenti de son repentir, Adolfo Scilingo nie tout, aujourd'hui, après être passé aux aveux devant le juge espagnol Baltasar Garzón, fervent défenseur de la «compétence universelle» des justices nationales dans les cas de crimes contre l'humanité ­ il avait notamment lancé en 1998 un mandat d'arrêt contre Pinochet pour tenter d'inculper l'ex-dictateur chilien.

Adolfo Scilingo n'est pas Pinochet. Il ne fut qu'en seconde ligne de la répression contre l'opposition à la dictature argentine, la junte qui prit le pouvoir en 1976 (30 000 morts et «disparus»). Il fut cependant le premier, il y a dix ans ­ et reste le seul jusqu'à présent ­ à raconter le quotidien de la répression, à confirmer ce que dénonçaient les défenseurs des droits de l'homme.

«Vols de la mort». L'entretien accordé au journaliste Horacio Verbitsky dans le journal argentin Página 12 le 3 février 1995 bouleverse le pays. Le militaire, «détruit par la culpabilité», selon V