Washington de notre correspondant
Le caporal Charles Graner, 36 ans, jure qu'il n'aimait pas ce qu'il faisait à Abou Ghraib : «C'était souvent mal, criminel.» Mais il faisait son devoir, et il n'a pas de regret : «Des sales choses se passent pendant une guerre», dit-il. Sa mère, Irma, l'a clamé à la fin de son procès, à Fort Hood, au Texas : il «a été puni pour quelque chose qu'on lui a demandé de faire... Vous savez bien que ce sont ses supérieurs qui devraient être devant le tribunal».
A l'issue du premier procès en cour martial visant les tortionnaires de la prison irakienne d'Abou Ghraib, le réserviste Charles Graner a été dégradé, exclu de l'armée et condamné à dix ans d'incarcération. Il va rejoindre un univers qu'il connaît bien : Graner a été pendant quatorze ans gardien de prison, en Pennsylvanie. La seule différence avec sa vie précédente, a-t-il plaisanté samedi, c'est qu'il aurait désormais à rester «seize heures de plus par jour en prison».
Sadique. A Abou Ghraib, c'est lui qui menait la danse sadique dans le bloc Alpha One, où se trouvaient les prisonniers présentant une «valeur» en terme de renseignement. Avec la petite équipe de nuit, ils les frappaient, les forçaient à se masturber, les entassaient, nus, les uns sur les autres, tout en prenant des photos.
Pour lui, le procès n'aurait pas pu plus mal se dérouler. Son avocat a commencé par choquer la planète entière par des remarques abominables, estimant que les pyramides de prisonniers nus et cagoulés étaient au