Pékin de notre correspondant
«Il est enfin libre...» C'est par ces mots qui cachent mal une profonde rancoeur que Wang Yannan, la fille de Zhao Ziyang, a annoncé le décès de l'ancien secrétaire général du Parti communiste chinois, éliminé du pouvoir en 1989 et assigné à résidence depuis. Agé de 85 ans, Zhao Ziyang se trouvait dans le coma depuis plusieurs jours.
Le gouvernement chinois a publié un bref communiqué sur la mort du «camarade Zhao», une épithète qui n'avait plus été utilisée depuis longtemps pour cet homme limogé pour s'être opposé à l'envoi des chars place Tiananmen. Les médias locaux sont toutefois restés muets sur la disparition de l'ancien numéro 1, à l'exception des sites Internet qui ont annoncé la nouvelle mais qui ont reçu l'ordre d'empêcher tout débat sur leurs forums.
Des mesures de sécurité renforcées ont été prises pour éviter toute expression publique de soutien à l'égard d'un homme qui incarne les réformes politiques dont ne veulent toujours pas les dirigeants actuels. La place Tiananmen, lieu de toutes les manifestations, était sous discrète surveillance hier, tout comme les activités des dissidents et autres détracteurs du régime. La police politique s'est même inquiétée hier matin de savoir comment les journalistes étrangers réagissaient à la nouvelle... L'hypothèse de manifestations populaires paraissait cependant peu crédible, s'agissant d'un homme qui a été rayé de la mémoire chinoise depuis quinze ans.
L'embarras du pouvoir est d'autant plus fort