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Portrait

De l'homme d'appareil à Tiananmen

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Pour s'être opposé à l'envoi des chars en 1989, Zhao Ziyang a été ostracisé à vie du Parti.
publié le 18 janvier 2005 à 23h41

Pékin de notre correspondant

La vie de Zhao Ziyang a basculé le 19 mai 1989, en plein «printemps démocratique» de Pékin. Ce soir-là, le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) s'est rendu auprès des étudiants en grève de la faim sur la place Tiananmen pour tenter de dialoguer, et ses premiers mots ont été : «Pardon, amis étudiants...» Les plus orthodoxes des dirigeants communistes ne le lui ont jamais pardonné.

«Grave erreur». Quelques jours après ce célèbre face-à-face, la loi martiale était décrétée dans la capitale, suivie, dans la nuit du 3 au 4 juin, de l'intervention des chars sur la place Tiananmen, faisant des centaines de morts et écrasant dans le sang le mouvement démocratique. Accusé d'avoir commis la «grave erreur» d'avoir soutenu les «troubles» et d'avoir de ce fait «divisé le parti», Zhao Ziyang avait entre-temps été limogé par le patriarche communiste Deng Xiaoping, qui avait pris parti pour le clan des durs du PCC. Il ne devait plus jamais être revu en public, placé en résidence surveillée dans sa maison traditionnelle proche de la Cité interdite.

Selon son ancien secrétaire Bao Tong, lui aussi assigné à résidence à Pékin après avoir passé sept ans en prison, Zhao Ziyang a été «l'homme qui, lorsque le pouvoir absolu est devenu fou, a sonné la cloche de la compassion et de la raison». Mais il n'a pas été entendu, ce qui fait de lui, selon l'un de ses proches de l'époque, un «héros tragique». A l'image de Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique, Zhao Z