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Libération

«C'est la première fois qu'on vote, c'est une grande fête»

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publié le 20 janvier 2005 à 23h46

Visiblement ému, il avance d'un pas hésitant dans le couloir fléché, salue une connaissance et sort de sa sacoche les deux seules pièces d'identité dont il dispose : une carte et un passeport français. L'assesseur lui pose quelques questions, puis l'inscrit sur son registre et lui tend un récépissé. «Le jour du scrutin, reviens avec cette carte. Que la paix soit avec toi», lui dit-il en arabe. Originaire d'un village chrétien près de Mossoul, Roméo s'apprête à voter pour la première fois de sa vie. A la fin du mois, il participera aux premières élections démocratiques d'un pays qu'il a quitté il y a près de vingt-huit ans et n'a jamais revu depuis. Il est venu spécialement du Val-de-Marne pour se faire enregistrer. «Il s'agit d'un devoir moral, s'écrie-t-il. Ce Parlement aura un rôle très important car il rédigera la future Constitution de l'Irak.»

«Evénement historique». C'est ici, dans cette école désaffectée du XIIIe arrondissement de Paris, qu'il glissera son bulletin. Pour des raisons de sécurité, le lieu, choisi par les autorités françaises, a été tenu secret jusqu'aux derniers jours. Des policiers assurent la garde sur le trottoir. Des vigiles filtrent les entrées. A l'intérieur du bâtiment, l'opération ne mobilise pas moins d'une quarantaine de personnes. Des Irakiens pour l'essentiel.

Ancien militant communiste, Roméo a fui le régime baasiste au milieu des années 70. Il fait partie des quelque 3 millions d'Irakiens en exil autorisés à prendre part à cet «événement his