Dakar de notre correspondante
Deux semaines après son adoption, la loi prévoyant l'amnistie des infractions «ayant des motivations politiques» commises depuis 1983 continue d'agiter le Sénégal. Elle revient en effet à rejeter dans l'ombre l'assassinat, en 1993, du vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye. Le vote, qualifié de «Tchernobyl institutionnel» par la presse privée, fait toujours la une. Jeudi, le Quotidien (indépendant) titrait sur l'assassinat de Babacar Sèye : «Douze ans après, les ombres et pénombres». Tandis que le Soleil ( gouvernemental), rétorquait : «Où sont les preuves ?», faisant allusion aux accusations d'une éventuelle implication du gouvernement actuel dans cet assassinat.
Alors que le Conseil constitutionnel s'apprêtait à rendre publics les résultats des législatives de mai 1993, Me Sèye était tué par balle à bord de sa voiture. Dans les jours qui suivirent, des membres du Parti démocratique sénégalais (PDS), dont l'actuel président Abdoulaye Wade, alors opposant, étaient arrêtés et entendus. Après un an d'instruction, la chambre d'accusation avait conclu à l'innocence des responsables du PDS. Trois hommes Amadou Clédor Sène, Assane Diop et Pape Ibrahima Diakhaté ont été jugés en 1994 et condamnés à des peines allant de dix-huit à vingt ans de travaux forcés pour cet assassinat, puis libérés à la suite d'une grâce présidentielle... d'Abdoulaye Wade en février 2002.
En ce début 2005, l'opposition sénégalaise et plusieurs organisation