Le Caire de notre correspondante
Ali Salem est du genre récidiviste. Il y a dix ans, au lendemain des accords d'Oslo, cet écrivain satirique égyptien commet l'impensable : il grimpe dans sa vieille Lada, direction la frontière, à la rencontre de cette terra incognita à la fois si proche et si lointaine : Israël. L'Egypte a été le premier pays arabe à signer la paix avec l'Etat hébreu, en 1978 à Camp David. Un accord qui a coûté la vie à Anouar al-Sadate, et qui n'a jamais été accepté par la population : la paix, d'accord, la normalisation, jamais. Dans ce contexte, la visite d'Ali Salem chez ces voisins ennemis déclenche les foudres de ses compatriotes.
Point d'honneur. Le livre qu'il en tire, Voyage en Israël, raconte avec humour la société israélienne, ses forces, ses faiblesses. Il dresse surtout un constat terre à terre : a-t-on un meilleur choix que d'essayer d'aller vers la paix ? Scandale en Egypte, où la normalisation est un tabou absolu, au point que les journalistes, par exemple, mettent un point d'honneur à ne jamais traverser la frontière, même pour se rendre à Gaza, ou à n'entretenir aucun contact avec les Israéliens, fut-ce pour leur travail. Ali Salem, lui, est exclu du syndicat des écrivains. C'est un paria, ses pièces ne sont plus jouées, mais il tient bon. Quand l'Intifada éclate, il se met en retrait : le contexte, explique-t-il, n'est pas propice à parler de normalisation.
Fin décembre pourtant, Ali Salem a repris le chemin de Beer Sheva, pour participer à u