«C'est un jour de deuil pour la démocratie... Le pays enterre la liberté de l'information et instaure un Etat policier.» Début décembre, le député vénézuélien d'opposition Pastor Heydra n'a pas eu de mots assez durs pour qualifier l'approbation de la nouvelle loi dite de responsabilité civile des radios et télévisions. Quelques jours plus tard, le leader conservateur du parti Justice d'abord, Julio Borges, fait retentir symboliquement une corne de brume dans les travées de l'Assemblée nationale «pour réveiller», dit-il, les partisans du président Hugo Chavez. Ceux-ci viennent de nommer de nouveaux juges, tout acquis à leur cause, au Tribunal suprême, la plus haute instance judiciaire du pays.
Tandis que l'heure est à l'hégémonie des partisans du populiste Chavez, l'opposition, moribonde après avoir perdu deux scrutins depuis l'été, entend encore donner de la voix. Mais elle n'est pas seule : les associations de défense des droits de l'homme s'inquiètent aussi de l'offensive législative tous azimuts du pouvoir.
Selon Liliana Ortega, porte-parole de l'organisation Cofavic, «nombre de dispositions de la loi sur les médias [nous] paraissent tellement vagues qu'elles pourraient conduire à des pratiques de censure, et plus encore d'autocensure, car les sanctions prévues sont totalement disproportionnées». Mis en cause, l'article 3 qui vise notamment au «respect des droits de l'homme, en particulier ceux qui concernent (...) l'accès à une information opportune, véridique, impartiale