Santiago du Chili de notre correspondante
On avance d'un pas, on recule de deux. C'est le triste sentiment qui domine depuis mardi au sein des associations chiliennes de droits de l'homme, qui se félicitaient encore, il y a moins d'un mois, des avancées accomplies par la justice. Sur ordre de la Cour suprême, la plus haute juridiction du Chili, les juges enquêtant sur les affaires de meurtres, tortures et enlèvements commis sous la dictature de Pinochet (1973-1990) ont désormais six mois pour boucler leur instruction. Au-delà du 25 juillet, les 315 affaires concernées dans le pays (1) devront passer à l'étape du verdict. Sinon, elles seront classées de manière définitive ou provisoire.
Si la cour se défend de vouloir mettre un «point final» aux affaires de violation des droits de l'homme, les familles de disparus et leurs avocats s'insurgent contre ce qu'ils considèrent comme un «déni de justice» et une «impunité» donnée aux anciens bourreaux. A la volonté, invoquée par les magistrats, de désengorger les tribunaux et accélérer des procès qui ont du «retard», les familles de disparus rappellent que les enquêtes connaissent des avancées significatives depuis trois ans seulement, c'est-à-dire depuis que les juges peuvent s'y consacrer. Dans un vote minoritaire, deux magistrats de la Cour suprême soulignent, en outre, que la lenteur des procès vient du manque de collaboration des forces armées, qui ne fournissent pas, ou peu, les informations réclamées par les juges d'instruction.